Sunday, May 31, 2009

Ibrahim Kanaan, député maronite du Metn

«Si nous permettons aux autres d’exploiter nos divergences, le Liban deviendra une plateforme pour des règlements de comptes. C’est pourquoi le Courant patriotique libre (CPL) considère que la solution réside dans l’entente interlibanaise». Dans une interview recueillie par Magazine, Ibrahim Kanaan, député maronite du Metn et candidat du CPL, indique que son parti œuvre, afin d’assurer la confiance et la stabilité qui permettront aux Libanais de rebâtir l’Etat et ses institutions. Vous avez intenté un procès contre des partisans de Michel Murr que vous accusez d’avoir tiré des coups de feu en direction de votre convoi. M. Murr affirme avoir les preuves que c’est le contraire qui s’est produit. Où en est cette affaire? En tant que député, je n’ai aucun intérêt à provoquer un tel incident. Je tentais de calmer les gens, surtout après les pressions exercées par la municipalité de Mansourié et son président, les sommant de ne pas soutenir la liste du CPL. Je visitais une famille qui avait été contrainte de retirer le portrait du général Michel Aoun. Dès que je sors de la maison, une voiture nous suit et nous bloque le chemin puis tire dans notre direction. Tout cela était planifié. J’avais le droit de riposter, mais je ne l’ai pas fait. Aucun coup de feu n’a été tiré par mes gardes du corps. J’ai informé la justice de cet incident et le parquet a inculpé les trois suspects qui travaillent pour le compte de la liste adverse. L’affaire a été déférée devant le juge d’instruction qui, après avoir entendu les trois inculpés, a rendu son verdict et les a placés sous contrôle judiciaire. Vos détracteurs affirment que les services de renseignements syriens travaillent en faveur de votre liste d’autant plus que Ghassan Achkar, membre du PSNS, est l’un de vos colistiers. Qu’y a-t-il de vrai? Je vous renvoie à la dernière conférence de Michel Murr qui a luimême démenti ce genre de propos. Pourtant Samir Geagea l’a affirmé… Que Samir Geagea se mette d’accord sur une seule version avec son allié qui dirige la machine électorale au Metn et qui est, de ce fait, au courant de tout ce qui se passe. D’ailleurs, M. Murr contrôle le travail des machines électorales dans les autres circonscriptions comme Baabda, Beyrouth I, Jbeil et le Kesrouan, cazas dans lesquelles Samir Geagea ne présente qu’un seul candidat. Nous sommes contre toute ingérence illégale qu’elle soit interne ou externe. Mais il semble que cette propagande, comme beaucoup d’autres qui nous visent, a pour but de masquer les interventions des institutions officielles, comme les municipalités et les services de sécurité, en faveur de nos adversaires. Le ministre Ziad Baroud est au courant de ces agissements. Entre les allégations de Geagea et les réalités sur le terrain, je crois ce qui est palpable. Ce qui s’est passé avec moi à Mansourié n’est qu’un exemple des comportements de la liste adverse. N’oublions pas, dans ce cadre, que ma maison à Jounié a été incendiée et que les bureaux du CPL et de ses partisans sont victimes d’agressions fréquentes. Pourquoi la relation entre le CPL et le président de la République, Michel Sleiman, s’est-elle détériorée subitement à quelques semaines du scrutin? Une grande partie de la stratégie électorale de nos adversaires vise essentiellement à créer un conflit monté de toute espèce entre le chef d’Etat et le CPL. Cela a commencé il y a quelques mois déjà. Nous sommes clairs depuis le début: le président est celui de tous les Libanais; il faut défendre sa position à partir de cette base. Respectons le rôle qui lui est dévolu depuis les accords de Taëf et confirmé à Doha, celui de la neutralité. Le président est un arbitre entre les institutions et les différentes composantes de la société politique. Toute tentative de donner à la présidence de la République un sens contraire lui porte atteinte, et relève d’une intention égoïste d’utiliser tous les moyens pour servir un but électoral qui ne donnera au président aucun avantage. La présidence a besoin de consolider son autorité par le biais de réformes constitutionnelles qui lui donnent les moyens d’être plus présente et influente dans la vie institutionnelle et politique, sans devoir s’asservir aux volontés des uns et des autres, opposants ou loyalistes soientils. C’est pourquoi je considère que toute la campagne menée par la majorité comporte des slogans servant une propagande simpliste. En ce qui concerne les voix arméniennes au Metn, Hagop Pakradounian a, certes, affirmé que le parti Tachnag votera en masse pour la liste du CPL et, en même temps, soutiendra Michel Murr. Mais d’autres déclarations de responsables arméniens sousentendent que le parti n’est pas sûr de pouvoir influer sur tout son électorat. Que signifie ce flou à votre avis? Les Arméniens ne votent pas seulement sur la base d’une décision politique du Tachnag. Ils votent avec confiance et conviction pour un projet, une vision que le général Michel Aoun et le parti arménien ont pu développer au cours des années passées. Ce projet a réussi à rendre aux chrétiens, en général, et aux Arméniens, en particulier, leurs droits de représentativité et leur rôle de partenaires, au sens large du terme, dans la construction de l’avenir. Ils se sentent en harmonie avec le CPL et partagent avec lui les mêmes objectifs. Nous nous complétons tous, comme nous nous complétons avec les autres composantes chrétiennes de l’opposition au Nord et à Zahlé, ce qui assure pour la première fois aux chrétiens une présence influente sur l’échiquier national. Nous sommes en mesure de nous demander quelle alternative Michel Murr et les chrétiens du 14 mars offrentils en contrepartie? Ils se contentent d’effrayer les chrétiens en faisant allusion aux armes du Hezbollah et au document d’entente signé avec le CPL. Nous, nous assurons la stabilité et la confiance qui permettront aux Libanais de rebâtir l’Etat et ses institutions après 20 ans d’usure, surtout au niveau des institutions, notamment l’armée, qui a beaucoup souffert des stratégies erronées appliquées. Pourquoi votre projet intitulé Vers la IIIe République a-t-il suscité autant de remous et de critiques chez vos adversaires? Ce n’est pas le projet qui a suscité tout cela, c’est la faillite stratégique des choix de la majorité. Son seul projet consiste à détruire gratuitement toute initiative, venant de nous, sans prendre la peine de lire ou d’analyser ce que nous avons proposé. C’est ce qui s’est d’ailleurs passé lorsque le document d’entente a été signé entre le CPL et le Hezbollah, alors que les leaders de la majorité ne font que répéter que le seul moyen de résoudre la question des armes consiste à dialoguer pour aboutir à une entente. Que pensez-vous des informations publiées dans le journal allemand Der Spiegel, accusant le Hezbollah de l’assassinat de Rafic Hariri? Je me demande à quoi a abouti l’enquête judiciaire internationale et quel est le rôle du tribunal. Sommesnous, au Liban, toujours victimes de manipulations médiatiques et même parfois judiciaires? Cela peut nous entraîner sur des chemins dangereux pour la coexistence et l’unité du Liban. Ces informations n’ont pas été confirmées. Bien au contraire, le tribunal international les a démenties. Existetil une machine qui complote pour exploiter nos divergences internes, afin de servir les intérêts de certains au détriment de la stabilité et des droits du Liban? Qui accusez-vous d’être derrière cette machination? J’accuse ceux qui veulent exercer des pressions pour, éventuellement, arriver à un compromis avec un axe régional représenté par l’Iran et la Syrie. Si nous permettons aux autres d’instrumentaliser nos divergences, notre pays deviendra une plateforme pour des règlements de comptes. C’est pourquoi, au CPL, nous trouvons que la solution réside dans l’entente interlibanaise.